Étoile rouge de Belgrade vs Bodo/Glimt (Serbie)
- Simon Arnaudet
- 9 oct. 2024
- 4 min de lecture
Défait à l’aller par Bodo/Glimt sur le score de 2-1, l’Étoile rouge de Belgrade n’a d’autre choix que de gagner pour espérer voir les poules de la Ligue des Champions édition 2024-2025. Le suspens promet une ambiance incandescente au Marakana.

Le Fudbalski Klub Crvena Zvezda, ou Football Club Étoile rouge est l’un des deux clubs historiques de Belgrade et du football serbe. Depuis la création du championnat serbe, seules deux équipes ont gagné le titre : l’Étoile rouge (10 titres) et le Partizan (8 titres). Avant cela, l’Étoile rouge dominait la Yougoslavie tout entière avec 19 championnats et 12 coupes, mais a également dominé l’Europe en 1990-1991 en remportant la Coupe des clubs champions en battant en finale l’Olympique de Marseille. Son adversaire du soir a une réussite plus récente. Glimt a en effet remporté trois championnats norvégiens depuis 2020. Le club avait impressionné l’Europe en battant sèchement l’AS Roma (6-1) en poule de Conference League en 2021-2022. Les Italiens s’étaient vengés quelques mois plus tard en éliminant la Horde jaune en quart de finale de la même compétition.
Si l’on demande aux fans de football de citer les plus grosses ambiances européennes, celle du stade Rajko Mitić reviendrait à coup sûr ! Aussi appelé Marakana, le stade a été inauguré en 1963 et a accueilli jusqu’à 110 000 spectateurs (pour 96 070 places vendues…) lors du match contre Ferencváros en 1975. Aujourd’hui, sa capacité est estimée à un peu plus de 51 000 places, largement de quoi faire peur à chacun de ses adversaires. Bienvenue dans « l’enfer du Marakana » !
Pour vivre un tel match, rien de mieux que de s’immiscer au milieu des ultras. Sektor 1, Gate 7. Sans le savoir, je me positionne à un endroit stratégique du virage, tout en haut, à la limite de la tribune latérale. Le point d’entrée favori pour ceux qui veulent s’auto-surclasser. En effet, peu de contrôle à l’entrée, si ce n’est aucun. Je vois donc défiler les candidats à l’ascenseur socio-footballistique. Peu importe l’âge, on voit les gouttes de transpiration perler sur les visages. Première surprise, les joueurs de l’Étoile rouge ne s’échauffent pas dans le stade, mais sur le terrain d’entrainement qui longe l’enceinte. Toute la pression tombe alors sur l’équipe visiteuse, seule au milieu du public adverse. Le match va commencer, l’ambiance monte d’un cran. On est comme en apnée. Si le PAOK ou le Rapid Bucarest vous font aimer le football, l’Étoile rouge de Belgrade vous le fait adorer !
Le match commence fort. Aucune des deux équipes ne fait de calculs. Elles entrent toutes deux avec envie dans la partie et cela va d’un camp à l’autre. Le quart d’heure de jeu passé, les locaux commencent à prendre la main. Les visiteurs ne passent plus la ligne médiane. À la 24’, après une longue possession, une faute dans la surface de réparation offre un penalty et une opportunité d’ouvrir le score pour le Red Star. 1-0. But de Bruno Duarte. L’Étoile rouge ne s’arrête pas là. Ils veulent marquer au plus vite le second but synonyme de qualification. D’un point de vue individuel, on peut mentionner l’impériale charnière centrale, composée de Djiga et Spajic et l’influence du métronome Hwang dans l’entrejeu serbe. En face, Bodo/Glimt est inoffensif, comme anesthésié, tétanisé par l’enjeu et l’atmosphère suffocante. Le match est véritablement à sens unique, mais peu de danger devant les cages. Égalité parfaite à la mi-temps, 2-2 sur l’ensemble des deux matchs.

Bodo/Glimt revient des vestiaires avec de meilleures intentions. Quelques possessions intéressantes, des prises de risques et par conséquent des décalages qui se créent et offrent des opportunités aux Norvégiens. Ils font preuve de plus d’agressivité et empêchent l’Étoile rouge d’évoluer dans un fauteuil, comme en première mi-temps. Les Serbes multiplient les imprécisions et perdent le contrôle du match. Pourtant, à la 58’, suite à une frappe contrée, les Serbes héritent d’un corner et Spajic ne se fait pas prier pour marquer de la tête ce deuxième but si important. Efficacité parfaite. Les premiers fumigènes se craquent dans les travées. On s’oriente à présent vers une attaque/défense et il reste 30 minutes de jeu. Le moment choisi pour que la pluie décide de faire son apparition. Le rythme baisse. Les Serbes parviennent à limiter le danger jusqu’à la 80’. Quelques situations seront alors à noter du côté des Scandinaves, mais pas de quoi inquiéter le portier adverse. C’est alors le début des gains de temps. Crampes, blessures « superficielles » et même le staff serbe qui dégagent les ballons dans les tribunes. Tout est bon pour s’assurer de voir son équipe participer à la nouvelle formule de la Ligue des Champions. Le score n’évoluera plus. Victoire 2-0 et qualification !
La différence s’est faite ce soir dans l’agressivité. Même si Glimt a monté le curseur après le repos, l’Étoile rouge est restée au-dessus. Ce soir, une équipe est venue de Norvège pour jouer un match de football et, en face, une équipe est partie à la guerre pour se qualifier. Rappelons également que les Norvégiens ont l’habitude de jouer dans leur stade de 6 000 places. Jouer un tel enjeu dans un stade rempli par 46 000 fans en folie est également une raison cohérente pour expliquer la défaite. Le fameux douzième homme.
L’Étoile rouge a gagné en équipe. Si l’on devait ressortir des individualités, alors nous pourrions citer les deux défenseurs centraux. Imbattables dans les duels. Ils ont su, grâce à leur force de caractère, insuffler cet esprit de guerrier à toute l’équipe. Auteur du but qualificatif, on peut donc accorder le titre honorifique d’homme du match à Uros Spajic. L’ancien Toulousain fait aujourd’hui figure de taulier dans l’effectif serbe et il a su le démontrer durant toute la rencontre.
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Simon Leon, copywriter, rédacteur et community manager